HISTOIRE
Basée sur les fondations d’une chapelle, l’église Saint Sauveur devient une église au cours du XVIe siècle, suite à la destruction de cette dernière par les troupes de l’amiral de Coligny en 1562 et 1572.
De 1648 à jusqu’au début du XXème siècle, l’église subit de grandes transformations aussi bien intérieures, qu’extérieures. Ses dimensions sont de 48 m de long et de 15 m de large.
Le clocher actuel date, quant à lui, de 1678.
L’ACCÈS AU BEFFROI
L’accès à la chambre des cloches se fait par un escalier en colimaçon en pierre très étroit (surtout dans la deuxième partie du clocher). Suite aux dernières visites, de l’horloge, lors des journées mondiales du patrimoine, un grand ménage a été fait.
L’accès au beffroi se fait sur 2 niveaux.
Le premier au niveau des 2 bourdons et le deuxième, au-dessus des 2 cloches supérieures.
LE BEFFROI
Le beffroi est en bon état. De gros travaux anti-pigeons ont été entrepris par la Mairie. Du coup, les sols et les poutres sont relativement propres.
Le seul regret est qu’il n’y a pas de plancher pour accéder à côté des 2 cloches supérieures. Cela rend l’accessibilité presque impossible, sans y faire de l’alpinisme.
LES CLOCHES
Elles sont aux nombres de 4. Les deux plus grosses à l’étage inférieur et les 2 plus petites au-dessus d’elles (sous la coiffe du clocher). Elles sont, toutes les quatre, électrifiées.
Elles sonnent à la volée (lancé rétrograde pour la cloche 3) ainsi que les heures, via des marteaux de tintements positionnés à côté.
L’entretien est fait par le campaniste Bodet. Les jougs sont en bois et les ferrements sont ronds.
Le baptême des 3 cloches Bollée a eu lieu le 4 mars 1874, en présence de Monseigneur Charles Frédéric Rousselet, Évêque de Sées et du Compte Romain, Assistant du Trône pontifical et Officier de la Légion d’Honneur.
RÉPARTITION DES CLOCHES DANS LE BEFFROI
Cloche 1 – « Marguerite Jacqueline »
Diamètre : 136 cm Hauteur : 112 cm
Poids approximatif 1300 kg
Inscription :
L’AN DE GRACE 1874 J’AI ÉTÉ BÉNITE PAR Monseigneur CHARLES FRÉDÉRIC ROUSSELET ÉVÊQUE DE SEEZ EN PRÉSENCE DE M. LOUIS JOSEPH DUVAL Chanoine Honoraire CURÉ
DOYEN DE BELLÊME DE MME DAMOISEAU ET A BIGNON VICAIRE
DE MM O JOSSE Chanoine Honoraire VICTOR J MALLET PRÊTRE NATIF DE CETTE Psse
DE MM A PARFAIT E GISLAIN L CHESNAYER H DESVAUX MEMBRE DE LA FABRIQUE DE MM C BRIERE MAIRE L SEGUIN ET S FROMAGE ADJOINT
ET J’AI ÉTÉ NOMMÉE MARGUERITE JACQUELINE PAR Mr JACQUES BOUCICAUT NÉGOCIANT A PARIS ET DAME GUERIN SON ÉPOUSE
Sur le bord, on peut lire le nom du fondeur
BOLLÉE ET SES FILS FONDEURS ACCORDEURS AU MANS
Décors :
Présence de plusieurs croix de bénédictions sur le bord de la cloche. Au niveau du vase supérieur, on trouve tout autour, une frise florale au-dessus et en dessous des 4 cartouches d’inscriptions ainsi qu’au niveau du bord. Enfin, présence d’un certain nombre de filets et de rinceaux, à différents niveaux de la cloche (voir les photos ci-après).
Effigies :
Côté nord : Personnage religieux sur un promontoire. Promontoire décoré pour un personnage central croisant les mains, entouré de 2 têtes de lion.
Côté sud : présence d’une croix latine florale caractéristique de la maison Bollée.
Vue générale de la cloche 1 – coté sud
Vue générale de la cloche 1 – coté nord
CLOCHE 2 « THÉRÈSE MADELEINE PAULINE VICTOIRE »
Diamètre : 121 cm Hauteur : 102 cm
Poids approximatif 970 kg
Inscription :
L’AN DE GRACE 1874 J’AI ÉTÉ BÉNITE PAR Mgr CHARLES FRÉDÉRIC ROUSSELET ÉVÊQUE DE SEEZ EN PRÉSENCE DE M. LOUIS JOSEPHE DUVAL CHne HONr CURE
DOYEN DE BELLEME DE MM E DAMOISEAU ET A BIGNON VICAIRE DE MM O JOSSE Che HONre VICTOR J MALLET PRÊTRE NATIF DE CETTE Psse DE MM A
PARFAIT E GISLAIN L CHESNAYER H DESVAUX MEMBRE DE LA FABRIQUE DE MM C BRIERE MAIRE L SEGUIN ET S FROMAGE ADJOINT ET J’AI ÉTÉ NOMMÉE
THÉRÈSE MADELEINE PAULINE VICTOIRE PAR Mr PHILIPPE Mis DE CHENNEVIERE POINTEL DIRECTEUR DES BAUX ARTS OFFICIER DE LA LÉGION D’HONNEUR
ET DAME FRANÇOISE VICTOIRE MARTIN Ve DE Mr PAUL BOURDON DE LAUNAY ANCIEN PRÉSIDENT DE LA FABRIQUE DE L’EGLISE DE BELLEME
Sur le bord, on peut lire le nom du fondeur
BOLLÉE ET SES FILS FONDEURS ACCORDEURS AU MANS
Décors :
Présence de plusieurs croix de bénédictions sur le bord de la cloche. Au niveau du vase supérieur, on trouve tout autour de la cloche un frise florale au-dessus et en dessous des 5 cartouches d’inscriptions, ainsi qu’au niveau du bord. Enfin présence d’un certain nombre de filets et de rinceaux, à différents niveaux de la cloche (voir les photos ci-après).
Effigies :
Côté nord : Vierge debout croisant les bras, le visage regardant vers le bas.
Côté sud : présence d’une croix latine florale caractéristique de la maison Bollée (idem que sur la cloche 1).
Vue générale de la cloche 2 – coté sud
Vue générale de la cloche 2 – coté nord
CLOCHE 3 – « MARGUERITE JACQUELINE »
Diamètre : 106 cm Hauteur : 90 cm
Poids approximatif 670 kg
Inscription :
L’AN DE GRACE 1874 J’AI ÉTÉ BÉNITE PAR Mgr CHARLES FRÉDÉRIC ROUSSELET ÉVÊQUE DE SEEZ EN PRÉSENCE DE M. LOUIS JOSEPHE DUVAL CHne
HONr CURE DOYEN DE BELLEME DE MM E DAMOISEAU ET A BIGNOU VICAIRE DE MM O JOSSE Che HONre VICTOR J MALLET PRÊTRE NATIF DE CETTE Psse
DE MM A PARFAIT E GISLAIN L CHESNAYER H DESVAUX MEMBRE DE LA FABRIQUE DE MM C BRIERE MAIRE L SEGUIN ET S FROMAGE ADJOINT ET J’AI
ÉTÉ NOMMÉE MARTHE MARIE MADELEINE PAR Mr ADOLPHE LE COUTURIER DE SAINT JAMES MAIRE DE DAME MARIE ET DAME DE LUCIEN LOUISE COLIN SON ÉPOUSE
Sur le bord, on peut lire le nom du fondeur
BOLLÉE ET SES FILS FONDEURS ACCORDEURS AU MANS
Décors :
Présence de plusieurs croix de bénédiction sur le bord de la cloche. Au niveau du vase supérieur, on trouve tout autour de la cloche une frise florale de Lys. Sous les rinceaux de texte, on y voit une série d’arc boutant, chapeautant des angelots. Enfin, sur le bas de la robe, la cloche est entourée d’une frise florale représentant des feuilles de vignes ainsi que des grappes de raisin.
On trouve, comme sur les 2 premières cloches, la présence d’un certain nombre de filets et de rinceaux, à différent niveau de la cloche (voir les photos ci-après).
Effigies :
Côté ouest : présence d’une croix latine (différente de la cloche 1 et 2).
Côté est : personnage religieux (plutôt femme) debout, ouvrant les bras.
Cette cloche est la seule du beffroi, à avoir été tournée d’1/4 de tour. C’est pour cela que les inscriptions ne sont pas dans le même sens que les cloches 1 et 2.
Vue générale de la cloche 3 – coté nord
Vue générale de la cloche 3 – coté sud
LA CLOCHE 4- LA CLOCHE MÉDIÉVALE
Diamètre : 99 cm
Hauteur : non prise car pas d’appui pour le faire Poids approximatif 420 kg
Cette cloche est la plus ancienne de l’église. L’origine de cette cloche est un mystère. Nous savons qu’elle fut sauvée et mise dans le beffroi de l’Hôtel de Ville, pour finir dans la tour de l’église Saint-Sauveur en 1771.
Mais avant, avait-elle une fonction religieuse ? Certains disent qu’elle aurait pu appartenir à l’ancienne Collégiale Saint-Léonard, dépendante du prieuré de Saint-Martin-du-Vieux-Bellême (fondée au XIème siècle par les premiers seigneurs de Bellême).
Cette église fut fermée au culte en 1706, sa voûte s’écroula en 1709 pour être démolie en 1749.
La cloche a été percée pour remplacer la bélière.
La cloche date de 1516, comme le montre le cartouche M D XVI.
Décors :
La cloche comporte de nombreux filets ou liserés (3 sur le plateau, 6 au niveau du cerveau, 3 en bas de la panse et 2 sur la pince).
Un texte en gothique est inscrit tout autour de la cloche.
Icônes :
La cloche possède 2 principaux médaillons. Le premier représente un calice sur la première ligne. De ce dernier d’ailleurs, commence le début du texte en gothique.
Sur la ligne 2, on retrouve un macaron représentant un personnage religieux. Visiblement, il se tient les mains ou tient un objet avec les mains.
Effigies :
Sur la deuxième ligne, présence de 5 petites croix, intégrées dans des petites cartouches de (2 cm).
Note : Ne pouvant s’approcher de la cloche sans risque, je n’ai malheureusement pas pu faire un frottis des inscriptions. Il manque, comme souvent, un plancher pour pouvoir être sa hauteur. Du coup, nous n’avons pas de réponse sur le nom de son fondeur, ni sur son éventuel nom et histoire.
Dans un récit sur l’église (Histoire et description de l’Eglise de Saint Sauveur de Bellesme) paru en 1876 par Philippe de Chennevières, il est écrit le texte suivant (page 26) :
» Il y a examiné avec intérêt nos deux cloches : la petite, celle de 1516, portant les effigies du Sauveur et de saint Michel, et la grosse, celle de 1771, qui eut pour parrain et marraine le chevalier de Fontenay et Mme de Tascher »
Dans un autre récit de 1900, on retrouve une explication sur la migration de la cloche dans le beffroi de l’église Saint Sauveur (page 372)
Qui était Philippe de Chennevières ?
Philippe de Chennevières (1820-1899) fut à la fois l’un des plus grands collectionneurs d’art ancien au XIXe siècle (sa collection de 4000 dessins est restée légendaire auprès des amateurs), un très actif conservateur d’art moderne qui opérait au Luxembourg (l’ancêtre de notre actuel musée national d’Art moderne) et dans les Salons et qui se trouva lié à la plupart des artistes et personnalités du monde de l’art sous le Second Empire. Enfin un exceptionnel directeur des Beaux-Arts (1874 à 1878) dont le principal titre de gloire reste la superbe et ambitieuse décoration du Panthéon.
Vue générale de la cloche 4 – coté nord
Vue générale de la cloche 4 – coté sud
La famille Bollée – fondeurs de cloches
On retrouve la trace de la famille au XVIème, à Breuvannes en Bassigny, une ville de Lorraine où les maîtres-saintiers (fondeurs de cloches) itinérants se retrouvaient traditionnellement pour passer l’hiver après une saison consacrée à la coulée et la réparation des cloches.
Joseph Bollée né vers 1669, laboureur, épouse en 1704 à Breuvannes en Bassigny Edmée ADAM fille d’un fondeur.
Fondeurs de cloches, d’abord ambulants, la famille BOLLEE originaire du Bassigny, s’installe à Orléans et au Mans à la fin du XVIIIème siècle.
A l’image de Jean-Baptiste- Amédée Bollée (1812-1912) et Ernest Sylvain Bollée (1814-1891), qui avaient choisi chacun d’épouser la vocation de leur grand-père. Jean-Baptiste-Amédée passa l’hiver 1838-39 dans le village d’Oucques (Loiret), puis déménagea à Saint-Jean-de-Braye, un village de la banlieue d’Orléans
Quant à Ernest-Sylvain Bollée, il s’installa provisoirement à La Flèche en 1839, avec le projet de partir à Angers, mais les inondations du Loir l’obligèrent à déménager à Sainte-Croix, à environ trois kilomètres du centre du Mans.
Bollée construisit ensuite un petit four, rue Saint Hélène, qui fut allumé pour la première fois en novembre 1842.
La fabrication des cloches continua à Saint-Jean De Braye, où Jean-Baptiste- Amédée fut remplacé par son fils Georges (1849-1930), son petit-fils Louis (1878-1954), son arrière-petit-fils Jean (1908-2009), et le propriétaire actuel, son arrière arrière-petit-fils Dominique.
C’est toujours dans l’atelier construit en 1835 à St-Jean De Braye que se perpétue aujourd’hui la fabrication et la création de cloches traditionnelles.